[Vidéo] L’open data des entreprises à la Cité de la Réussite

En passant

J’ai participé dimanche 21 octobre à une table-ronde organisée à la Sorbonne dans le cadre de la Cité de la Réussite qui a réuni 150 intervenants sur le thème du partage. La table ronde « Les enjeux de l’open data pour les entreprises » était animé par Martin Duval (Bluenove), avec la participation de Patrick Ropert (SNCF), Margaux Pelen (Home’n’Go), Cyrille Vincey (QunB) et moi-même. Cet évènement est à revoir en ligne (le débat commence à 3’30…).

De retour de Bordeaux

En passant

J’étais hier à Bordeaux pour y parler Open Data à l’invitation de la Coopérative métropolitaine. A cette occasion, je vous invite à lire l’interview réalisée par l’AEC (Aquitaine Europe Communication) sur le thème de l’appropriation des données. Ma présentation a donné lieu à un article de Cap Sciences « L’open data est une clé à molette » (la photo est sympa et en plus, je viens juste de changer de lunettes).

« S’il te plaît… dessine-moi l’open data »

Comment représenter et illustrer l’ouverture des données ? Quelles sont les métaphores graphiques les plus courantes pour représenter le mouvement open data ? Ce billet propose sans prétention aucune un premier recensement des figures imposées des données ouvertes, de la plus simple à la plus complexe…

(image par loop_oh sur Flickr)

« S’il te plaît … dessine-moi l’open data » : la demande revient souvent de la part de journalistes à la recherche d’illustrations sur les données ouvertes. Pas évident en effet de représenter l’open data : les mêmes métaphores reviennent très souvent pour illustrer les articles (un exemple ci-contre).

Cette approche par les représentations graphiques est un bon moyen de rentrer dans un univers et d’en saisir quelques facettes. En termes savants, cela s’appelle une recherche iconographique, mais plus prosaïquement on peut commencer par une recherche à l’aide de Google Images. Faîtes l’expérience avec le terme « ville intelligente » et vous verrez rapidement le mode de représentation dominant : des villes toujours verticales, souvent futuristes (les représentations en 3D et les vues d’artistes dominent) et dans tous les cas des villes où la place de l’humain est réduite. Bref, une vision de la ville intelligente tout droit sortie des récits de science-fiction… Qu’en est-il pour l’open data ? J’ai cherché les métaphores les plus courantes, à partir de Google Images mais aussi en regardant les comptes Flickr des organisations qui font la promotion du mouvement d’ouverture des données (Open Knowledge Foundation, Sunlight Foundation, Libertic).

1 – La métaphore du petit commerce : « entrez, c’est ouvert »

(source : OKFN)

Première métaphore rencontrée, celle du panneau annonçant que le commerce est ouvert. On reste dans une approche très simple (ouvert / open) et je ne crois pas qu’il faille y voir une allusion au potentiel économique et commercial de l’open data – ou alors sous une forme très très subliminale… L’image renvoie aussi immédiatement aux pays anglo-saxons. Peut-on d’ailleurs vraiment parler de métaphore dans ce cas ?

Dans le même ordre d’idée que cette image, on peut aussi citer la célèbre photo des stickers « Open Data » en bleu et blanc. Pas vraiment de signifiant profond, mais plutôt le révélateur d’un manque d’imagination … ou d’un manque de budget pour payer des illustrations !

2 – La métaphore de la clé à molette : la figure du hacker

Un grand classique de l’open data. Initialement développée par l’Open Knowledge Foundation (OKFN), reprise et adaptée, notamment en France par Libertic, l’idée de la clé à molette est déjà plus intéressante que celle du commerce. Elle renvoie à l’imaginaire du bricoleur, de la bidouille, bref du « hacker » dans sa définition première.

(source : OKFN)

La clé à molette, c’est un outil dans la mallette de celui qui intervient pour réparer quelque chose (la démocratie ?). En plus, la clé à molette permet d’ouvrir et donc de débloquer ce qui coince… a priori c’est une image positive et qui colle bien à l’idéal d’ouverture. Soit dit en passant, vous aurez remarqué que l’outil peut aussi servir à serrer et à fermer (en tous cas, je l’ai bien noté dimanche dernier en réglant la selle du vélo de mon fils). Intéressant double-sens donc que la métaphore de l’open data puisse aussi servir à « serrer la vis » 😉

3 – La métaphore du cadenas ouvert : la libération et le trésor

Troisième métaphore identifiée, celle du cadenas. On la retrouve sous plusieurs formes, plus ou moins complexes, certaines avec des 0 et des 1 en toile de fond (les données numériques). Le cadenas est déjà ouvert sur toutes les représentations que j’ai pu identifier. Il a dû servir à protéger un trésor (les données publiques ?), un coffre ou une mallette. On reste bien évidemment dans l’idée de la « libération » des données que jusqu’ici les détenteurs gardaient jalousement à l’abri des regards et des réutilisateurs. Curieusement je n’ai identité que quelques rares images avec des menottes : la donnée n’est donc pas personnifiée (ce qui pourtant aurait fait une bonne métaphore de la libération, non ?).

4 – La métaphore du bâtiment ouvert : l’open gouvernement

(source : Libertic)

Cette quatrième métaphore a été repérée par Samuel Goeta dans son mémoire du CELSA « Open Data : qu’ouvre-t-on avec les données publiques ? » (page 24, mais plus globalement je vous en conseille chaudement la lecture). On y voit un bâtiment symbolisant le pouvoir (le Capitole) dont la toiture s’ouvre sous l’effet de l’open data.

Samuel fait remonter son origine au premier concours AppsForDemocracy organisé à Washington D.C. en 2007. L’image a depuis été reprise et adaptée partout dans le monde. Sa dernière résurgence est nantaise. La métaphore est intéressante : ouvrir les données c’est ouvrir le toit du lieu où se prennent les décisions politiques. L’image résume la transparence, l’approche du gouvernement ouvert (open government), le regard public (public scrutiny).

5 – Et plein de combinaisons possibles

(source : Sunlight Foundation)

On peut bien sûr combiner ces différentes métaphores, avec plus ou moins de bonheur. Le logo de l’évènement « Transparency Camp » organisé dès 2009 par la Sunlight Foundation propose ainsi un remix intéressant des métaphores du cadenas et du bâtiment ouvert. La combinaison a toutefois un inconvénient : elle devient parfois difficile à comprendre pour celui qui la visualise…

Je suis sûr que vous aurez pu identifier d’autres figures classiques de la représentation de l’open data… Partagez-les dans les commentaires de ce billet !

L’open data et le grand public : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre

La question de l’appropriation des données ouvertes est, avec celle du potentiel économique, l’un des sujets chauds de l’open data. Ayant eu l’opportunité de tester plusieurs formats d’animation et de sensibilisation au cours des derniers mois, je vous propose un billet sous forme de retour d’expérience. Vos commentaires, idées et réactions sont les bienvenus !

1 – Pour le grand public, le problème dans « open data » c’est d’abord la « data »

L’infolab « données de mobilité »
(photo Ville de Rennes)

J’avais fait cette remarque à l’occasion de la Semaine européenne de l’open data qui s’est tenue à Nantes avant l’été; pour les entreprises, le problème de l’open data c’est plutôt le côté « open« , mais pour le grand public c’est d’abord l’objet « donnée » qui constitue une difficulté.

Les data sont partout autour de nous, elles sont indispensables au bon fonctionnement des services de notre quotidien (de la crèche aux transports), mais pourtant cet objet reste largement méconnu. J’ai développé dans un précédent billet les différents formats d’animation de l’open data, en particulier en fonction des cibles visées; les ateliers dont je fais mention ici visent à développer une culture de la donnée au sens large (et pas uniquement de la donnée ouverte).

2 – D’abord, partir d’une thématique (et surtout pas de l’open data)

Le proverbe dit que l’on n’attrape pas les mouches avec le vinaigre. Je trouve, toutes comparaisons malveillantes mises à part, qu’il s’adapte bien à la question de l’appropriation de l’open data par le grand public.

Faîtes l’expérience : proposez à vos amis de participer à une séance de sensibilisation aux données ouvertes. Qu’allez-vous entendre ? L’anti-geek : « oh, tu sais moi je suis pas trop branché par les trucs informatiques, cela ne m’intéresse pas trop« , l’apprenti geek : « ah oui bonne idée, justement j’avais des problèmes avec Open Office… tu me parles bien de cela, non ?« , la père divorcé : « Ah oui, cela aurait été avec plaisir mais à cette heure-là j’ai kiné/piscine/les enfants à aller chercher à l’école, parce que tu connais mon ex, hein…« .

Je caricature un peu mais vous avez compris le message : l’open data pour l’open data, cela n’attire pas les foules ! L’une des pistes, pour sensibiliser à la culture de la donnée, est de partir d’un thème auquel chacun puisse facilement s’identifier. On n’invite pas à « découvrir l’open data » mais à parler du jardin botanique, des déplacements en vélo dans la ville, ou encore des prénoms. Le thème n’est pas qu’un « hameçon« : je l’ai choisi parce qu’il correspond à chaque fois à des jeux de données déjà ouverts… Ce n’est pas seulement un prétexte, c’est une opportunité pour parler des données, à travers des exemples concrets et accessibles.

3 – Les médiations

Les trois ateliers que j’ai eu le plaisir d’animer à Rennes durant l’évènement Viva-Cités auront permis de tester plusieurs formes de médiation. Le format est de type infolab éphémère : un lieu, un temps déterminé, une méthodologie d’animation pour « faire des trucs » avec l’open data.

Ces trois ateliers, bien qu’ayant des approches très différentes, ont des points communs : aucun participant n’avait à manipuler un ordinateur. On a utilisé des photographies, des plans, des crayons de couleur, des gommettes, … Tout pourvu que l’on n’ait pas besoin d’informatique ! Tous les ateliers ont commencé par des mises en situation, afin que chaque participant puisse faire sien le sujet que nous allions aborder.

Trois exemples de question que j’ai posé en introduction : « Pourriez-vous me dessiner votre parcours-type lorsque vous allez au Jardin du Thabor ?« , « Comment peut-on se déplacer aujourd’hui à Rennes ?« , « Quels sont les prénoms qui figurent sur vos papiers d’identité ?« …

Cette introduction a souvent permis de briser la glace entre les participants qui ne se connaissaient pas avant l’atelier. Elle a surtout permis d’éviter le tour de table des présentations un peu formelles. En effet, j’avais invité sur chacun des ateliers un représentant des services de la Ville en relation avec le jeu de donnée qui nous intéressait… et je ne souhaitais qu’ils se placent, ou soient placés par les autres, « hors du groupe« .

Nous avons ensuite utilisé des méthodes et des supports d’animation très différents pour chaque atelier. Pour celui concernant le Jardin du Thabor, j’ai distribué une cinquantaine de tirages de photographies que j’avais réalisé. Nous avons décrit chaque photo puis placé sur le plan du jardin ces différents « points d’intérêts » (les arbres, les statues, les toilettes, les entrées et sorties du parc…).

L’atelier sur les déplacements s’est déroulé sous le mode d’une chasse aux données. Chaque groupe est parti équipé d’un kit comprenant une photo aérienne du quartier, des gommettes de couleur et des instructions pour prendre des photos sur le mode « rapport d’étonnement ». Enfin, pour le dernier atelier j’avais imprimé sur des grandes feuilles A3 la liste des prénoms les plus populaires (toujours dans l’idée de ne pas avoir à utiliser un tableur Excel…).

4 – Au programme de ces infolabs

Chaque atelier aura permis d’aborder une ou plusieurs facettes des données ouvertes.

L’infolab « Thabor » a montré la richesse et la diversité des sources de données (publiques avec le portail open data de la Ville, mais aussi collaboratives avec la carte Open Street Map). Nous avons insisté sur la possibilité de mixer deux sources de données pour donner naissance à une troisième (à l’instar de la carte des arbres allergènes du parc, réalisée à partir du mix entre la localisation et l’espèce des arbres et la liste des espèces allergènes publiée sur le site de l’ADEME).

L’infolab « données de mobilité » était une invitation à ouvrir l’oeil (et le bon !) pour découvrir les données, signes et informations pertinentes pour se déplacer dans un quartier. Nous avons pu faire le lien entre un objet concret (un ascenseur), la donnée ouverte le concernant (l’état de fonctionnement interrogeable sous la forme d’API) et surtout sa réutilisation possible. J’avais déjà proposé cet atelier à Rennes, Nantes et Marseille et pourtant je continue encore à découvrir de nouvelles choses en observant les participants : par exemple le fait que la majorité des signes s’adressant aux piétons sont des injonctions négatives : « attention travaux, traversée obligatoire pour les piétons », « zone interdite aux piétons », « le petit bonhomme est rouge, on ne passe pas », …

Infolab prénoms
(photo Franck Hamon / Ville de Rennes)

L’infolab « prénoms » aura surtout mis l’accent sur la lecture critique des données (où naît-on vraiment ? comment le fichier est-il constitué ? pour quel usage initial ?). Nous avons aussi pu voir concrètement que chaque visualisation est l’objet d’une intention (ce que l’on veut montrer) et que la manière dont les données sont mises à disposition a un impact sur les réutilisations possibles…

Bref, nous avons essayé de poser les bases d’un programme pédagogique (lire / écrire / compter) pour des  infolabs « culture de la donnée ». C’est bien, maismais… j’entends déjà la question qui se murmure dans le milieu de l’open data :

5 – … à quoi cela sert tout cela ?

La première critique concerne le type de donnée auquel je me suis intéressé. La seconde à l‘ambition qui est poursuivie.

« Les données sur les arbres, ça sert à rien, ce qu’il faut ce sont des **vraies** données sur la transparence des budgets » : ainsi s’exprimait l’ancien président du Conseil national du numérique. J’ai déjà entendu ce point de vue : il y aurait des données « bonnes à ouvrir » et puis les autres, le jugement dépendant bien sûr de celui qui l’exprime. « Il nous faut des données **utiles** » a précisé un intervenant britannique lors de la dernière conférence parisienne sur le sujet. Qu’est-ce qu’une donnée utile ? Celle avec laquelle on peut faire des applications mobiles ? Des applications mobiles rentables ? Celle qui nous sert à appuyer la thèse que l’on défend ? Celle qui est populaire ? …

Bien sûr, il faut des données sur la transparence budgétaire ! D’ailleurs, certaines collectivités qui proposent la localisation des arbres (ou les prénoms populaires) proposent aussi ce type de jeu de données. Est-ce qu’il faut encourager les acteurs publics à ne publier que des données sur les prénoms ? Non ! Est-ce qu’il faut clouer au pilori celles qui publient aussi ce genre de données ? Non, non plus !

La seconde critique tient à l’ambition que l’on se fixe : est-ce que je crois sérieusement qu’un atelier sur les prénoms va répondre à la promesse de capacitation citoyenne et de renforcement démocratique de l’open data ?

Mon ambition n’était pas celle-là, il s’agissait juste d’essayer de transmettre deux ou trois idées sur les données ouvertes et leur intérêt (et malheureusement, cela aurait été plus difficile à faire avec les données budgétaires). Je suis convaincu que nous avons besoin de multiplier les formes d’animation autour du sujet, que ce soit vers les associations, les entreprises ou le grand public.

Infolab#3 De la mode et des prénoms

Poursuite du retour sur les 3 ateliers de découverte des données ouvertes organisés à l’occasion de Viva-Cités. Le premier atelier avait pour thème le Jardin du Thabor, le second les données de mobilité (le récit d’une participante est à lire sur le Mag de la Cantine numérique rennaise). Ce troisième et dernier infolab était consacré aux prénoms, une donnée ouverte à Rennes et ailleurs.

L’infolab prénoms
(photo Franck Hamon / Ville de Rennes)

Faut-il y voir un effet du thème proposé pour cet infolab ? Les participants à cet atelier étaient exclusivement des participantes. Nous avons commencé par décliner nos prénoms, pas uniquement le premier prénom (ou le prénom usuel) mais l’ensemble de ceux qui figurent sur nos papiers.  On constate déjà un effet de génération : la mode est plutôt à donner deux prénoms, plus rarement trois ou plus. J’avais déjà eu l’occasion de m’intéresser à cette question des prénoms en open data (notamment avec Loïc Hay lors du dernier Forum des Usages Coopératifs de l’Internet). L’objet « prénom » est relativement facile à comprendre (contrairement à d’autres jeux de données plus techniques) et les données sont disponibles sur plusieurs territoires (facilitant les comparaisons d’une ville à l’autre). Enfin, le fichier des prénoms est l’un des fichiers les plus téléchargés sur les portails open data des collectivités. Un objet populaire, facile à comprendre et disponible : que demander de plus pour sensibiliser le grand public aux données ouvertes ?

Qu’il y a t-il dans un prénom ?

La première partie est consacrée à une étude de l’objet « prénom ». J’ai préparé quelques documents pour nous y aider. Une partie est issue de l’ouvrage « Sociologie des prénoms » du sociologue Baptiste Coulmont (Editions La Découverte). Nous échangeons ainsi sur ses travaux sur les réussites au bac en fonction des prénoms des candidats – l’occasion de faire la distinction entre corrélation et causalité :  malheureusement appeler votre fille Hortense n’est pas la garantie qu’elle obtienne une mention très bien au bac !

Le « stock » de prénoms grandit chaque année
(source : revue Octant Insee Bretagne, 2004)

L’autre source que nous consultons est une étude publiée par l’INSEE Bretagne sur les prénoms (revue Octant, 2004). On y trouve notamment des éléments intéressants sur la progression du « stock » de prénoms utilisés : « de1946 à 1970, moins de 40 prénoms suffisaient à nommer la moitié des enfants nés en Bretagne, en 2002 il en faut 109« .

La mode qui cache la forêt : choisir un prénom original, c’est très banal

J’invite ensuite les participantes à prendre connaissance des données proposées sur les portails open data de Rennes et de Nantes. Le fichier (que j’ai retravaillé) mentionne les occurrences pour chaque prénom, ainsi que le nombre total de naissances réparties par sexe. Ainsi, en 2011 les prénoms les plus populaires pour les filles sont Manon, Louise et Chloé (respectivement 57, 55 et 50 occurrences à Rennes). Ce résultat ne surprend personne : a priori ce sont des prénoms que l’on dit « à la mode ».

Cette même année 2011, ce sont pourtant près de 3546 filles qui sont nées sur le territoire rennais. Manon, notre « top », représente à peine 1,6 % des prénoms donnés. Dit autrement: en moyenne il naît à Rennes une fille toutes les deux heures et demi… mais le prénom Manon n’est donné (toujours en moyenne) qu’une fois par semaine !

Il y a largement de quoi relativiser l’impact de la mode des prénoms… Ce qu’une sage-femme pourrait d’ailleurs nous confirmer : la norme dans les maternités ce ne sont pas les Léa, Emma ou Malo mais plutôt les prénoms originaux avec, parfois, des variations orthographiques (Sarah / Sara, Ryan / Rayan, Mathis / Mathys).

Le fichier que nous étudions ne comporte pas les prénoms donnés moins de 6 fois au cours de l’année. La responsable du service en charge de l’état-civil de la Mairie de Rennes nous apprend ce qui ne figure pas dans notre jeu de données : près d’un quart des prénoms donnés chaque année dans la ville sont uniques ! Unique car ils n’ont été donné qu’une fois, mais aussi unique dans la mesure où souvent ces enfants n’ont qu’un seul prénom. Il est vrai qu’avec un prénom très original, nul besoin d’en avoir un deuxième pour éviter l’homonymie…

Que veut-on raconter avec ces données ?

La dernière partie de notre atelier est consacré à une réflexion sur les réutilisations possibles des jeux de données prénoms de Rennes et Nantes. On pourrait tout d’abord imaginer de comparer les prénoms les plus populaires dans les deux métropoles (Top 50). En pratique, on voit qu’il y a relativement peu de différences entre rennais et nantais.

La discussion s’engage ensuite sur l’objectif que nous pourrions fixer à des visualisations (représentations graphiques) de nos données. Veut-on mettre en avant la chronologie (pour montrer les prénoms qui montent ou descendent année après année dans chaque ville) ? Ou encore mettre en lumière la diversité des prénoms (au besoin en recalculant l’indicateur fourni par l’INSEE au niveau national, à savoir le nombre de prénoms nécessaires pour nommer la moitié des naissances) ?

Souhaite-t-on aider les parents à choisir le prénom le plus original possible (en leur garantissant que ce prénom n’a pas été donné à Rennes au cours des 3 dernières années) ? Ou a contrario leur montrer que même s’ils nomment leur garçon Arthur, la probabilité qu’ils soient plusieurs à porter ce prénom dans sa classe de maternelle est finalement assez faible ?

Au final, on voit bien qu’en matière de réutilisation des données, l’intention aussi est importante : à partir d’un même jeu de données, on peut raconter mille histoires.

Infolab#1 : des données pour mettre en valeur le jardin du Thabor

Dans le cadre de Viva-Cités, j’anime du 2 au 7 octobre trois ateliers de découverte des données ouvertes à Rennes. Retour sur le premier infolab, consacré au Jardin du Thabor, une institution rennaise et un lieu de promenade pour les habitants et les visiteurs de la capitale bretonne… 

« Et vous, que venez-vous faire au Thabor ? » Les participants à ce 1er infolab organisé sur le Village numérique de Viva-Cités sont accueillis par une question. Chacun est invité à tracer son parcours au sein du parc puis à le décrire à ses voisins de table.

La volière, la roseraie, le jardin à la française, l’orangerie : quelques incontournables d’une promenade au Thabor se dégagent assez vite des échanges. On distingue aussi des parcours différents selon le contexte : en famille avec des enfants en bas âge on privilégie les jeux pour enfants, le bassin aux poissons rouges (au centre de la roseraie), voire un tour de manège… D’autres viennent au Thabor pour profiter des rayons du soleil, seul ou avec des amis : sur les pelouses autorisés (!) ou dans les chaises longues du jardin à la française. Les passionnés de botanique eux se tiennent au courant des dates de floraison de la roseraie, une période-clé pour leur visite. Au final, on voit bien qu’il y a beaucoup de manières de visiter le Thabor … et que les attentes en matière d’information sont elles aussi très variées.

Repérer les « points d’intérêts » du Thabor

Nous listons collectivement toutes les informations dont nous pourrions avoir besoin pour préparer une visite au Thabor. Spontanément, les participants citent la météo comme la principale information utile avant toute promenade ! Les horaires, le plan du parc, les évènements en cours viennent ensuite. Les habitués du parc évoquent l’idée d’une information du type « Quoi de neuf au Thabor ? » qui regroupe des informations dynamiques de nature très diverses : les expositions à l’orangerie, les concerts organisés dans le kiosque à musique, mais aussi les floraisons ou les travaux en cours.

Je distribue une cinquantaine de photographies prises dans le parc. Chacune représente un « point d’intérêt » que nous reportons ensuite sur une grande carte papier. On trace une croix pour les équipements (toilettes publiques, bancs, …), les entrées du parc (et leur accessibilité pour les personnes à mobilité réduite), les statues (nombreuses dans le parc, elles peuvent constituer un but de visite), les arbres remarquables, les « incontournables » déjà cités ci-dessus et les éléments à découvrir (les ruches du Thabor !).

Une matière première à enrichir et remixer 

Le portail open data de Rennes Métropole propose plusieurs jeux de données en rapport avec le Jardin du Thabor : la localisation des massifs et des arbres, les principaux équipements, les horaires d’ouverture. Nous nous intéressons plus particulièrement à celui qui recense les arbres du parc et précise pour chacun sa localisation et son espèce. Dans le cadre du concours open data, deux développeurs ont imaginé une application mobile Android « Promenade au Thabor« . Les participants à cet infolab ne sont pas tous capables de faire de la programmation informatique, quels usages peuvent-ils faire de ces données ?

Le fichier qui nous intéresse est géré par la direction des Jardins de la ville de Rennes, et est issu du système d’information géographique (SIG). Il est donc normal que sa présentation mettent en avant des données de type géographiques, cependant il faut faire un effort pour imaginer d’autres usages que la production de cartes. On peut par exemple faire un inventaire du Thabor sous la forme d’un quizz : quelle est l’espèce la plus courante dans le parc ? combien y-a-t-il d’arbres dans le parc (réponse : près de 1200) ? quel agrume peut-on trouver au Thabor (réponse : des citrons !) ?

J’invite ensuite les participants à imaginer des croisements de données à partir de plusieurs sources. Le site web de la Maison de la consommation et de l’environnement (MCE) propose par exemple un recensement des arbres remarquables de Bretagne, dont une vingtaine pour le Thabor. Nous pourrions croiser le fichier des arbres avec ces informations complémentaires : l’âge, la hauteur, l’envergure… voire intégrer les photographies (proposées sous licence Creative Commons). Autres sources de données à croiser : les bases cartographiques d’Open Street Map et notamment la localisation des escaliers présents dans le parc.

Nous imaginons ensuite une carte pour localiser les principaux arbres allergènes du Thabor, en combinant la donnée sur l’espèce de chaque arbre et la liste des espèces les plus allergènes publiée sur le site de l’ADEME

Des données pour informer, aider et mettre en valeur

L’introduction de l’atelier avait permis de mettre en lumière la très grande diversité des attentes en matière d’information des visiteurs du Thabor.

Le contexte (une visite en solo, avec des amis, des enfants), le but de la visite (pour flâner, pour faire du sport, pour découvrir le patrimoine botanique, …), la connaissance préalable du parc et même la météo influent sur le besoin d’information des visiteurs… Réutiliser les données issues de plusieurs sources (dont les données ouvertes par la collectivité), c’est aussi l’opportunité de répondre à une partie de ces attentes.

Le mot de la fin revient à l’un des participants, qui me faisait remarquer qu’il vient précisément au Thabor pour faire une pause et se détendre loin de son ordinateur… Il nous faut donc bien sûr imaginer d’autres médiations que celles des écrans. Une invitation pour les graphistes et autres designers d’informations à s’emparer des données ouvertes !

Les deux prochains ateliers infolab auront lieu le vendredi 5 octobre de 15h à 17h sur le thème des déplacements et le samedi 6 octobre de 10h à midi sur celui des prénoms des petits rennais. Inscription recommandée en ligne.