Comment représenter et illustrer l’ouverture des données ? Quelles sont les métaphores graphiques les plus courantes pour représenter le mouvement open data ? Ce billet propose sans prétention aucune un premier recensement des figures imposées des données ouvertes, de la plus simple à la plus complexe…
« S’il te plaît … dessine-moi l’open data » : la demande revient souvent de la part de journalistes à la recherche d’illustrations sur les données ouvertes. Pas évident en effet de représenter l’open data : les mêmes métaphores reviennent très souvent pour illustrer les articles (un exemple ci-contre).
Cette approche par les représentations graphiques est un bon moyen de rentrer dans un univers et d’en saisir quelques facettes. En termes savants, cela s’appelle une recherche iconographique, mais plus prosaïquement on peut commencer par une recherche à l’aide de Google Images. Faîtes l’expérience avec le terme « ville intelligente » et vous verrez rapidement le mode de représentation dominant : des villes toujours verticales, souvent futuristes (les représentations en 3D et les vues d’artistes dominent) et dans tous les cas des villes où la place de l’humain est réduite. Bref, une vision de la ville intelligente tout droit sortie des récits de science-fiction… Qu’en est-il pour l’open data ? J’ai cherché les métaphores les plus courantes, à partir de Google Images mais aussi en regardant les comptes Flickr des organisations qui font la promotion du mouvement d’ouverture des données (Open Knowledge Foundation, Sunlight Foundation, Libertic).
1 – La métaphore du petit commerce : « entrez, c’est ouvert »
Première métaphore rencontrée, celle du panneau annonçant que le commerce est ouvert. On reste dans une approche très simple (ouvert / open) et je ne crois pas qu’il faille y voir une allusion au potentiel économique et commercial de l’open data – ou alors sous une forme très très subliminale… L’image renvoie aussi immédiatement aux pays anglo-saxons. Peut-on d’ailleurs vraiment parler de métaphore dans ce cas ?
Dans le même ordre d’idée que cette image, on peut aussi citer la célèbre photo des stickers « Open Data » en bleu et blanc. Pas vraiment de signifiant profond, mais plutôt le révélateur d’un manque d’imagination … ou d’un manque de budget pour payer des illustrations !
2 – La métaphore de la clé à molette : la figure du hacker
Un grand classique de l’open data. Initialement développée par l’Open Knowledge Foundation (OKFN), reprise et adaptée, notamment en France par Libertic, l’idée de la clé à molette est déjà plus intéressante que celle du commerce. Elle renvoie à l’imaginaire du bricoleur, de la bidouille, bref du « hacker » dans sa définition première.
La clé à molette, c’est un outil dans la mallette de celui qui intervient pour réparer quelque chose (la démocratie ?). En plus, la clé à molette permet d’ouvrir et donc de débloquer ce qui coince… a priori c’est une image positive et qui colle bien à l’idéal d’ouverture. Soit dit en passant, vous aurez remarqué que l’outil peut aussi servir à serrer et à fermer (en tous cas, je l’ai bien noté dimanche dernier en réglant la selle du vélo de mon fils). Intéressant double-sens donc que la métaphore de l’open data puisse aussi servir à « serrer la vis » 😉
3 – La métaphore du cadenas ouvert : la libération et le trésor
Troisième métaphore identifiée, celle du cadenas. On la retrouve sous plusieurs formes, plus ou moins complexes, certaines avec des 0 et des 1 en toile de fond (les données numériques). Le cadenas est déjà ouvert sur toutes les représentations que j’ai pu identifier. Il a dû servir à protéger un trésor (les données publiques ?), un coffre ou une mallette. On reste bien évidemment dans l’idée de la « libération » des données que jusqu’ici les détenteurs gardaient jalousement à l’abri des regards et des réutilisateurs. Curieusement je n’ai identité que quelques rares images avec des menottes : la donnée n’est donc pas personnifiée (ce qui pourtant aurait fait une bonne métaphore de la libération, non ?).
4 – La métaphore du bâtiment ouvert : l’open gouvernement
Cette quatrième métaphore a été repérée par Samuel Goeta dans son mémoire du CELSA « Open Data : qu’ouvre-t-on avec les données publiques ? » (page 24, mais plus globalement je vous en conseille chaudement la lecture). On y voit un bâtiment symbolisant le pouvoir (le Capitole) dont la toiture s’ouvre sous l’effet de l’open data.
Samuel fait remonter son origine au premier concours AppsForDemocracy organisé à Washington D.C. en 2007. L’image a depuis été reprise et adaptée partout dans le monde. Sa dernière résurgence est nantaise. La métaphore est intéressante : ouvrir les données c’est ouvrir le toit du lieu où se prennent les décisions politiques. L’image résume la transparence, l’approche du gouvernement ouvert (open government), le regard public (public scrutiny).
5 – Et plein de combinaisons possibles
On peut bien sûr combiner ces différentes métaphores, avec plus ou moins de bonheur. Le logo de l’évènement « Transparency Camp » organisé dès 2009 par la Sunlight Foundation propose ainsi un remix intéressant des métaphores du cadenas et du bâtiment ouvert. La combinaison a toutefois un inconvénient : elle devient parfois difficile à comprendre pour celui qui la visualise…
Je suis sûr que vous aurez pu identifier d’autres figures classiques de la représentation de l’open data… Partagez-les dans les commentaires de ce billet !
Merci Simon pour ta citation !
Il y a une autre représentation très fréquente de l’open data qui est celle de la « matrice », c’est à dire un flux visuel de 0 et de 1 qui serait libéré de sa prison. Ce flux s’inspire de la ligne de code et prend souvent des formes visuelles très proches du code dans Matrix.
Dans ses variantes, on voit même un coffre fort qui s’ouvre et libère un océan de données représentées par des 0 et 1.
La métaphore est efficace : elle représente les administrations comme des « banques » qui détiennent un trésor et l’open data comme un Robin des Bois qui libère la richesse.
On peut retracer cette image du flux de 0 et 1 à l’époque où l’on glorifiait les autoroutes de l’information avec cette représentation de fluidité.
Quelques illustrations :


Chouette article, j’ai découvert des logos que je ne connaissais pas.
J’ai pas mal réfléchi à cette question de symboliser l’open data. Le dessin que j’avais finalement réalisé pour la bannière du blog http://opendatarennes.wordpress.com représentait ma vision à l’époque de l’open data : la ville fournit des données réutilisées ensuite pour les citoyens.
J’ai découvert ensuite qu’il y avait bien d’autres formes d’open data 😉