On tour …

En passant

Après un passage par Nantes à l’occasion de la Semaine européenne de l’Open Data, je continue mon tour de France pour présenter le livre. Rendez-vous donc jeudi 31 mai à Lille à l’invitation du collectif Catalyst. Et le lundi suivant, le 4 juin, nous pourrons nous retrouver à Montpellier… D’autres dates à suivre prochainement : Paris, Marseille, …

Comment diffuser et valoriser des données d’entreprises ?

Pourquoi l’open data devrait-il se limiter aux seuls acteurs publics ? Comment les entreprises peuvent-elles l’intégrer dans leur stratégie de diffusion et de valorisation de leurs données ? Pour répondre à ces questions, je vous propose un premier article consacré à la définition des univers de diffusion des données d’entreprises. On y parle open data, mais pas seulement.

Quelles données partager ? Avec quel public ? De prime abord, les interrogations sont identiques pour les secteurs privés et publics. En réalité, les deux approches se distingue par le contexte juridique qui s’applique. Il n’y a pas d’obligation pour les entreprises de mettre à disposition leurs données, hormis quelques exceptions précises (données environnementales et financières notamment). La démarche doit être d’autant plus volontariste pour les acteurs privés.

1- Quelles données diffuser ? auprès de quels acteurs ?

Définir une stratégie de diffusion passe d’abord par un état des lieux des données et des informations existantes au sein de l’entreprise. On cherche notamment à identifier et recenser les données que l’on souhaite diffuser, valoriser et, a contrario, les données que l’on souhaite protéger. En parallèle, pour chacun des types de données identifiés, on évalue les acteurs cibles avec lesquels on pourrait les partager. Il peut s’agir de quelques partenaires déjà sélectionnés ou d’un plus large public de réutilisateurs.

2 – Les 3 univers de diffusion des données

Le croisement entre les deux questions permet de repérer à minima trois univers de diffusion des données, comme le synthétise le schéma ci-dessus (en licence CC-BY rappelons-le). Par univers de diffusion on désigne un ensemble cohérent de critères techniques, juridiques et économiques liés à la diffusion et à la réutilisation des données.

Par exemple, dans l’univers bien connu de l’échange de données informatisées (EDI) – que l’on qualifie de modèle semi-ouvert, l’accès aux données est limité à quelques partenaires pré-selectionnés et avec lesquels le lien contractuel est fort (engagement de niveau de services, clause de semi-exclusivité, etc…).

Le modèle demi-ouvert a notamment été mis en oeuvre avec succès par les entreprises du web et certains fournisseurs d’information financière (Bloomberg, …). Il consiste à offrir un accès partiel aux données via des interfaces de programmation (API)Ce modèle est juridiquement moins contraignant que l’EDI et doit permettre une diffusion des données auprès d’un ensemble plus large de partenaires réutilisateurs. Il n’est cependant pas question, à l’instar de Twitter ou d’Amazon de permettre l’accès à la totalité des données brutes.

Enfin, le modèle ouvert est celui des données ouvertes (open data). L’ouverture est alors à la fois technique (la fourniture de données brutes dans un format ouvert et facilitant la réutilisation), juridique (l’utilisation de la licence ouverte proposée par Etalab, la licence ODbL) et économique (peu ou pas de redevances sur la réutilisation des données).

Mais la question de l’ouverture ne se limite pas à des critères formels, elle impose aussi une remise en cause des modèles de management pour passer d’un mode de contrôle a priori à un mode de modération a posteriori.

3 – Un impératif : respecter la cohérence des univers

Une erreur pour les entreprises serait de ne pas respecter la cohérence de chaque univers et de vouloir faire de l’open data « à leur sauce ». Cela se traduit notamment par la création d’une licence sur-mesure ou le souhait de rester dans le contrôle a priori. Rien aujourd’hui n’oblige les acteurs privés à faire de l’open data et, comme cet article l’illustre, il y a plusieurs moyens de diffuser des données. Par contre, il me semble essentiel, si l’on choisit un univers, d’en accepter les règles, même si parfois elles relèvent davantage des us et coutumes que de la loi !