La ville: ouverte et/ou intelligente ?

« Smart city » et « open data » : les deux approches ont en commun de mettre la donnée au coeur du fonctionnement de la ville intelligente. Mais au-delà des questions liées à la production des données, les conditions de son partage font débat.

SafariScreenSnapz062Doit-on les ouvrir à tous, en s’appuyant sur une possible intelligence des foules ou au contraire en faire un objet de pilotage centralisé des activités urbaines, quitte à en réserver l’accès à quelques opérateurs urbains ? Illustré d’exemples français (Rennes Métropole, Grand Lyon) et internationaux (Singapour), ce billet se propose d’éclairer les évolutions en cours et les combats d’acteurs qui s’annoncent autour de ce « nouveau pétrole » que constitue la donnée urbaine… 

La version originale de cet article a été publiée dans le numéro 25 de la revue urbaine Place Publique RennesJe le reproduis ici avec leur aimable autorisation.

1 – La donnée, carburant des services urbains

La donnée (data) est au coeur du fonctionnement des villes et des territoires. Elle permet l’aide à la décision, pour des projets d’aménagement par exemple, ou l’évaluation des politiques publiques mises en oeuvre. Elle se révèle nécessaire au bon fonctionnement des services du quotidien, des transports à la vie culturelle en passant par les crèches ou les écoles. Les acteurs publics produisent aussi des données statistiques, liées à l’économie (création d’activités, enregistrement de sociétés, …), aux déplacements ou à la démographie (actes d’état-civil). La donnée est partout et de tout ordre.

La donnée est aujourd’hui au coeur de deux approches de la ville numérique : la ville intelligente (smart city) et l’ouverture des données (open data). Toutes les deux font de ces données l’un des éléments essentiels du pilotage et de la transformation de la ville par le numérique.

2 – La ville intelligente façon smart city, des contours flous

Il n’existe pas de définition unique et universelle du concept de ville intelligente. Le terme est souvent utilisé pour désigner tout à la fois la ville créative et la ville durable. La ville créative, telle que définie par le géographe américain Richard Florida, combine des facteurs économiques, sociaux et techniques pour attirer et retenir les « classes créatives ». Florida propose trois critères pour mesurer le degré d’adhésion d’une ville à ce concept : la part des emplois liées aux professions intellectuelles et à la création (designers, architectes, artistes, …), le nombre de brevets déposés sur le territoire et enfin la part des personnes homosexuelles parmi la population.

Cette approche de la ville créative intègre donc dans un même élan des dimensions économiques, technologiques et des choix individuels… Le concept de ville durable met pour sa part l’accent sur l’impératif environnemental et impose de revoir les politiques urbaines sous l’angle de la durabilité. Quelle que soit l’approche retenue pour la ville intelligente (ville créative, durable, numérique, …), les réseaux de communication y jouent un rôle essentiel. Ce sont eux qui permettent d’interconnecter les acteurs et les différents systèmes d’information par exemple liés à l’énergie ou aux transports. La ville intelligente est indéniablement aussi une ville technologique !

ImagesSmartCity.002A quoi ressemble la « smart city » ? Pour en dresser le portrait-robot, il suffit de taper le terme dans le moteur de recherche Google Images pour voir apparaître un grand nombre de représentations. Elles partagent quelques traits communs : la smart city est futuriste (héritée de la science-fiction) et verticale (la tour en est le trait distinctif). Elle ressemble d’ailleurs davantage à l’image que l’on se fait des mégapoles d’Asie du Sud-Est, Hong Kong ou Singapour plutôt qu’à nos villes européennes – ce qui reflète d’ailleurs bien l’histoire des premières smart cities.

La ville intelligente se reconnaît surtout par ses artefacts, dans le champ de la mobilité ou de l’énergie. Le péage urbain est l’un d’eux : le système technologique combine des capteurs placés sous la chaussée, des systèmes de reconnaissance des véhicules (via des badges sans-fil ou la lecture des plaques d’immatriculation), ainsi qu’un pilotage dynamique des tarifs selon l’heure, le type de véhicule ou la congestion liée à la circulation automobile sur les axes routiers à proximité. La Ville-Etat de Singapour a été la première à implanter ce type de péage urbain dès 1998. L’ERP (electronic road pricing) est alors présenté comme l’un des symboles de la modernité du territoire et sera ensuite déployé à Dubaï, Stockholm et Londres – avec des succès mitigés selon les territoires. La prédiction de trafic à une heure a, elle aussi, d’abord été testée à Singapour, avec le concours d’IBM.

Il s’agit ici de combiner une connaissance historique (les conditions de circulation sur les principaux axes routiers) et des mesures temps réel (l’état du trafic tel que mesuré par des capteurs enfouis sous la chaussée) pour alimenter un algorithme capable de prévoir les embouteillages avant qu’ils ne se forment… Dans le domaine de l’énergie, il s’agit d’expérimenter des réseaux intelligents (smart grids), à l’instar du projet mené sur le quartier Confluence à Lyon. Les compteurs intelligents, installés dans les foyers et les entreprises, sont l’une des composantes de ce système qui doit permettre in fine de mieux adapter la production et la consommation d’énergie électrique.

Dans ce modèle de ville intelligente, le pilotage des services urbains est souvent centralisé. L’une des images les plus fréquemment utilisées est celle de la salle de contrôle d’un réacteur nucléaire : toutes les informations apparaissent en temps réel sur des écrans, en provenance de sources multiples (des capteurs bien sûr, mais aussi des caméras et des informations remontées du terrain par les forces de police ou les pompiers, …). Le système informatique accompagne la prise de décision et peut contrôler à tout moment un ensemble d’équipements urbains. Ainsi, un évènement de type incendie déclenche dès l’appel des secours le passage au vert de l’ensemble des feux de signalisation du quartier, la mise en place d’itinéraires de déviation pour les bus ou l’envoi de SMS aux usagers concernés…

 3 – La ville intelligente c’est d’abord un nouveau marché

Le modèle intégré de la smart city puise sa valeur dans sa capacité à regrouper un grand nombre de données issues de systèmes hétérogènes au sein d’un seul et unique outil de pilotage. C’est l’approche « tout-en-un » dont les grands groupes informatiques européens et américains se font les champions.

En effet, la ville intelligente est aussi une opportunité de nouveaux débouchés pour ces acteurs économiques. Inspirés par la réussite des grands groupes de services aux collectivités (notamment la gestion de l’eau et des déchets), les entreprises de l’informatique souhaitent devenir à terme les opérateurs de la ville intelligente. Les frontières entre les activités et les métiers sont d’ailleurs moins nettes qu’autrefois. Des entreprises des télécommunications répondent à des appels d’offres pour la gestion des transports publics dans des villes d’Amérique latine. De même, tous les grands groupes de la gestion de l’eau ou des déchets intègrent aujourd’hui cette dimension d’infrastructure informationnelle dans leurs offres.

La smart city n’est pas réservée aux seules mégapoles asiatiques. La société IBM est par exemple très active en France sur ce sujet et vient d’annoncer la signature de contrat de partenariat et de fourniture avec Montpellier et Nice sur quatre grands domaines : la mobilité intelligente, la qualité environnementale, l’efficacité énergétique et la gestion des risques. Orange collabore à plusieurs projets, dont celui liés aux déplacements sur le territoire du Grand Lyon – la capitale des Gaules a d’ailleurs fait de son positionnement Smart City un élément de différenciation territoriale à l’échelle européenne. L’allemand Siemens (qui fournit par ailleurs les rames du métro rennais) a construit un bâtiment en plein coeur du quartier des docks à Londres. The Crystal est entièrement dédié aux problématiques de la ville intelligente et durable et se veut un lieu de débat et de démonstration. Toutes ces initiatives mettent en avant la capacité du numérique à répondre aux défis environnementaux. Bien sûr, le fait que chacune de ces entreprises maîtrise une partie de la solution technique mobilisée (les capteurs, les équipements et les réseaux de télécommunications, les bases de données, …) n’est pas non plus étranger à leur intérêt pour la ville éco-intelligente 😉

 4 – La boîte noire: l’essentiel est invisible

Le modèle intégré de la smart city possède aussi des limites intrinsèques. La plupart de ces systèmes fonctionnent comme des boîtes noires. Prenons l’exemple du système de prédiction du trafic à une heure: on en connaît les données d’entrée (historiques de trafic et mesures temps réel), on peut constater les données de sortie (la prédiction de trafic). Mais ce qui se passe dans la boîte noire – c’est-à-dire le processus qui permet de transformer ces données en élément de décision – reste invisible aux yeux extérieurs. La propriété de cet algorithme revient d’ailleurs souvent aux groupes informatiques qui l’ont mis en place, et non aux collectivités qui l’ont co-financé.

L’invisibilité (des technologies, des données, des algorithmes) est d’ailleurs l’une des critiques formulées par la sociologue Saskia Sassen de l’Université Columbia à l’égard de la smart city : « aujourd’hui, l’on tend à rendre ces technologies invisibles, en les cachant sous la chaussée ou derrière des murs – en procédant ainsi on met ces technologies en position de commande et non de dialogue avec les usagers de la ville ».

Les systèmes intégrés sont par essence opaques : pensez à la manière dont votre iPhone est entièrement maîtrisé par son constructeur qui détermine même quelles applications vous pouvez y installer et se réserve le droit d’y bannir celles qu’ils n’estiment pas « bonnes » pour ses clients – et donc pour vous. Selon quels critères sociaux ou moraux, selon quelles règles ces décisions sont-elles prises et appliquées ? L’enjeu reste somme toute assez limité quand il ne s’agit que de choisir un type de téléphone mobile. Mais quand l’approche intégrée devient le modèle de référence pour le pilotage des villes, il est permis de s’interroger un peu plus longuement. Peut-on imaginer un modèle de ville intelligente qui ne soit pas totalement intégré ? Rennes Métropole et la Ville de Rennes expérimentent depuis 2010 une approche complémentaire : celle de l’ouverture des données publiques (l’open data).

 5 – La question du partage de la donnée au coeur de l’Open Data

Le territoire rennais est en effet pionnier en France dans le domaine de l’ouverture des données publiques avec les portails data.rennes-metropole.fr et data.keolis-rennes.com.

Ce sont aujourd’hui près d’une quarantaine de territoires, ainsi que l’Etat (data.gouv.fr) qui ont mis en place des démarches open data. La France figure d’ailleurs dans les toutes premières places des classements européens sur le sujet (classement ePSI Forum). L’ouverture des données publiques ne remet pas en cause l’importance des systèmes d’information dans l’action publique, bien au contraire. En ce sens il ne s’oppose pas à la smart city sur les conditions de la production des données.

Ce qui distingue les deux approches, c’est la question du partage des données. Faut-il en limiter l’usage à quelques acteurs (les opérateurs de la ville intelligente) ou en promouvoir une appropriation et une réutilisation plus large par des tiers, entrepreneurs et innovateurs locaux ou nationaux ?

Le Grand Lyon restreint l’usage des données de mobilité à quelques acteurs sélectionnés, pour garantir que les applications développées ne « nuisent pas aux services commerciaux pilotés par la collectivité en délégation de service public ». En clair, il s’agit ici de protéger aussi les intérêts économiques de l’entreprise délégataire, au détriment d’un accès au plus grand nombre.

On voit clairement dans cet exemple la tension entre l’approche intégrée de la smart city et la logique de partage des données de l’open data. A contrario, le réseau de transport Star s’est récemment équipé d’un système d’aide à l’exploitation et à l’information voyageurs. Les bus métropolitains sont équipés de balises GPS qui renvoient leur position en temps réel et permettent ainsi à l’opérateur du service de transport (Keolis Rennes) de mieux piloter à distance sa flotte de véhicules. Les usagers des transports ne voient de ce système qu’une toute petite partie de l’information produite, sous la forme des horaires de passages à un arrêt (« ligne 2 direction Grand Quartier, prochain bus dans 7 minutes »). Cette donnée est restituée via des afficheurs (aux arrêts principaux) et via un site mobile dédié. Mais elle est aussi mise gratuitement à disposition des réutilisateurs. Les développeurs des applications mobiles Transports Rennes (Android) ou Rengo (iOS) ont ainsi pu facilement intégrer cette information temps réel.

Derrière la problématique de la gouvernance des données (modèle intégré vs. approche ouverte), c’est bien une question politique qui se pose : quel est le rôle de l’acteur public à l’heure de la ville intelligente ? Comment tirer parti des dynamiques naissantes sans pour autant abandonner toute souveraineté (numérique) aux opérateurs de la smart city ? En ce sens, le modèle de la ville «ouverte», tel qu’il s’invente et s’expérimente sur notre territoire et ailleurs, me semble proposer une alternative d’avenir.

Rendre visible les données ouvertes de Rennes, Nantes et Marseille

Comment rendre visibles les données ouvertes ? J’ai déjà eu l’occasion de raconter l’atelier que j’ai animé à Rennes pour les étudiants de Sciences Po sur le thème des données de mobilité dans la ville. J’ai eu l’opportunité de proposer deux nouvelles sessions, l’une à Nantes lors de la Semaine européenne de l’open data, et l’autre à Marseille lors des rencontres régionales Open PACA. Je vous propose un regard croisé sur ces 3 ateliers…

1 – La chasse aux données en quelques mots

Pour rappel, l’ambition de cette animation est de fournir en 2 heures les éléments de base pour comprendre les données ouvertes et être capable de les repérer dans la ville. La thématique de la mobilité a été choisie pour de multiples raisons, déjà amplement détaillées dans de précédents billets. Chaque atelier regroupe une douzaine de participants et se déroule en 3 temps. On débute tout d’abord par une séance de remue-méninge collectif : « Comment se déplace-t-on aujourd’hui à Rennes / Nantes / Marseille ? Quelles sont les informations nécessaires pour se déplacer en vélo / en bus / à pied / en voiture ? ». Un court exposé théorique permet de faire la distinction entre une donnée et une information, une donnée publique et une donnée ouverte.

Chaque groupe (de 3 à 4 participants) se voit remettre un plan du quartier (une photographie aérienne ou une carte Open Street Map), des gommettes de couleur correspondant à des modes de déplacements (en l’occurrence : la voiture individuelle, le bus et métro, le vélo). Panneaux de signalisation, fiche horaire de bus, information de voirie, … Tout ce qui permet de se déplacer est répertorié et photographié. La dernière partie de l’atelier est consacrée à une mise en commun de nos « découvertes » et surtout à une première lecture critique des données (ou de leurs artefacts pour être plus exact) : à quoi et à qui sert cette donnée ? Qui la collecte et la gère ? Quelle réutilisation peut-on en imaginer ?

2 – Rennes, Nantes et Marseille : les terrains de notre chasse aux données

La Cantine numérique rennaise a accueilli la première session en mars 2012. Situé au sein de l’équipement culturel Les Champs Libres, le lieu est à proximité immédiate du quartier de la gare, hub important des transports rennais. On y trouve notamment les gares routières et ferroviaires, une ligne de métro, de nombreux arrêts de bus urbain, des stations de vélo en libre-service, …

La seconde session s’est déroulée en mai 2012 à la Cantine numérique de Nantes et le terrain choisi pour notre chasse était les environs de la place du Commerce, lui aussi un hub important des transports de la ville (stations de tram, bus, parkings souterrains, stations de vélo en libre-service, …) bien que plus éloigné de la gare. A noter, les nantais sont les seuls français à pouvoir jouir d’un mode de transport ancestral : l’éléphant (quoique sous une forme largement modernisée et plutôt destinée aux touristes).

Les rencontres régionales de l’open data en région Provence Alpes Côte d’Azur ont fourni le cadre de la troisième session à Marseille en juillet 2012. L’atelier s’est déroulé dans les environs immédiats du siège du Conseil régional, dans le quartier de la Porte d’Aix. Si vous êtes déjà venus à Marseille en voiture, vous connaissez cet endroit car jusqu’à récemment c’était la fin de l’autoroute… Mais le quartier est aussi desservi par le métro et de nombreux bus.

J’ai détaillé les terrains de notre chasse aux données car il me semble évident qu’ils ne sont pas étrangers aux différents résultats obtenus. La session rennaise a fait l’objet d’un compte-rendu détaillé, je vous invite donc à le consulter. Voici les points marquants de mon rapport d’étonnement pour Nantes et Marseille.

3  – En vélo, tu iras à Nantes … mais pas toujours en open data

La part modale du vélo s’établit à environ 2% dans la capitale ligérienne (pour mémoire, cet indicateur mesure la part des déplacements qui sont effectués à l’aide de ce mode de transport), contre 4% à Rennes et 1% à Marseille (source des données Fubicy et EPOMM). Les participants nantais de l’atelier ont ainsi pu repérer de très nombreuses données et informations sur cette thématique autour de la place du Commerce : indication de pistes cyclables et de parking vélos, itinéraires vélo, …

Le service de vélo en libre-service Bicloo a attiré l’attention du groupe. En effet, la plate-forme nantaise open data propose bien un jeu de données sur le service Bicloo mais celui-ci ne concerne que la localisation des stations… et non les données les plus utiles pour les réutilisateurs à savoir la disponibilité en temps réel des vélos et des places restantes.

« Mais pourtant, le site web du Bicloo c’est bien celui de Nantes Métropole, non ? » m’a fait remarquer l’un des participants à cet atelier. Une remarque de bon sens évidemment, puisque le visiteur du site bicloo.nantesmetropole.fr devra consulter les mentions légales pour constater que le site est géré par JC Decaux, l’exploitant du système de vélo en libre-service… et non pas Nantes Métropole, dont le logo apparaît pourtant en bonne place.

Cet exemple a permis au groupe d’illustrer la différence entre une donnée et une donnée publique – JC Decaux n’exerçant pas dans le cas présent une « mission de service public » et n’étant donc pas concerné par la loi CADA de 1978. La lecture des conditions générales d’utilisation de l’application iPhone officielle de JC Decaux démontre aussi parfaitement ce que n’est pas une donnée ouverte. Le design de l’application AllBikesNow et ses écrans de pub sont en tant que tels des pousses-au-crime, en l’occurrence une véritable incitation à la réutilisation sauvage. Vu la qualité des développements internes, il sera difficile de justifier longtemps le contrôle exercé sur les données…

4  – A Marseille en voiture tu iras … et patient tu seras

Marseille, le Vieux-Port, la vue depuis Notre Dame de la Garde, les plages … J’aime beaucoup la ville, surtout depuis que j’y viens en TGV et que je m’y déplace en tram et à pied… Mais ma vision de touriste n’était pas celle des participants à la 3è session de cet atelier. Le groupe « vélo » a sillonné le quartier pendant près d’une heure et sans grand succès. Mis à part une station de vélo en libre-service, peu d’informations disponibles pour les rares cyclistes de la capitale du Sud… Le groupe « voiture » a par contre repéré plusieurs dizaines de points d’intérêt pour l’automobiliste : des parkings, des panneaux de signalisation, de nombreuses déviations, des plots pour empêcher les automobilistes de se garer sur les trottoirs, …

Devant la profusion des informations (des ordres et des contre-ordres), l’information la plus claire n’est pas toujours là où on l’attend : c’est le panneau publicitaire géant pour une grande chaîne hôtelière qui indique le plus sûrement son chemin à l’automobiliste qui veut rejoindre l’A55 et le quartier de la Joliette ! Dernier élément de curiosité : les panneaux qui indiquent le fast-food le plus proche sont très intelligemment (et sans doute aussi très illégalement) disposés. A chaque carrefour important, depuis les principaux arrêts de bus, à partir de la sortie du métro : celui qui cherche le Mac Donald’s ne peut pas se perdre !

Au-delà de leur caractère anecdotique, ces deux exemples montrent que les données utiles pour la mobilité ne sont pas l’apanage exclusif des acteurs publics ou des grands opérateurs. Si elle se veut complète, l’ouverture des données doit donc aussi impliquer ces acteurs qui ne relèvent d’une mission de service public – et échappent donc ainsi à la loi CADA de 1978 (voir à ce sujet mon précédent billet : pourquoi ouvrir ses données quand la loi ne vous y oblige pas ?).

5 – Comment améliorer cet atelier ?

L’ambition de ce format d’animation est de fournir en un temps court les bases de compréhension des données et de montrer leur réalité dans notre vie quotidienne. La thématique de la mobilité n’est au final qu’un prétexte, et je travaille d’ailleurs sur de nouveaux ateliers avec d’autres thématiques (la culture, le tourisme, la petite enfance, …).

Je pense que cet objectif de « vue d’ensemble » est à peu près atteint (si vous avez participé à cet atelier et/ou que vous souhaitez proposer des idées, n’hésitez pas à commenter ce billet). Cependant, j’en vois aussi les limites et je m’interroge sur plusieurs points :

– l’intérêt de la carte comme support de découverte : cet atelier n’est pas une cartopartie, on ne vise pas l’exhaustivité mais plutôt la diversité des points d’intérêt. La carte sert aussi à délimiter le terrain de jeu, mais est-elle vraiment utile ?

– le caractère parfois déceptif de l’exercice : cet atelier vise aussi à susciter l’intérêt et la curiosité pour les données ouvertes or parfois, comme dans l’exemple du Bicloo à Nantes, on peut en ressortir en se disant « qu’on ne peut rien faire avec les données ouvertes à ce jour… » En 2 heures on ne produit pas de réalisations concrètes, on pose juste les bases de compréhension du contexte juridique de l’open data en France,

– la capacité à porter un regard critique sur la donnée : ce format permet de montrer qu’avant la réutilisation il y a une utilisation… mais c’est à peu près tout en matière de critique de la donnée brute. Je pense que c’est en grande partie dû à la thématique retenue, celle de la mobilité qui se prête peut-être moins à l’exercice que d’autres sujets…

Je travaille actuellement à la définition de formats d’animation autour de la culture de la donnée. Un prochain billet racontera l’atelier que j’ai eu le plaisir de co-animer la semaine dernière à Brest, une pierre de plus à l’édifice d’un « truc » genre infolab. A suivre 😉