Animer l’open data ?

Jeu de données recherche réutilisateur H/F – pas sérieux s’abstenir.

Publier un jeu de données ouvertes en ligne n’est que la première étape de l’open data. Encourager la participation et la réutilisation, s’assurer que l’ouverture profite à tous, voilà les objectifs de l’animation. Pourquoi animer l’open data ? Comment le faire ? Ce billet propose quelques pistes. Commençons par une petite fable.

Il était une fois un jeu de données qui se préparait pour le bal du samedi soir. Il avait mis toutes les chances de son côté : paré de ses plus beaux habits (un costume au format .csv) il avait négocié avec ses parents de pouvoir faire ce qui lui plairait, avec qui il le voudrait (une licence ODbL)… Bref il avait mis toutes les chances de son côté pour faire des rencontres, et surtout LA rencontre que tous les jeux de données comme lui attendent : rencontrer un réutilisateur, un développeur Php ou même un journaliste de données – il n’était trop exigeant. Et le soir venu, malheureusement ce pauvre jeu de données resta seul et observa du coin de la piste le seul élu de la soirée : le fichier des horaires de bus qui comme chaque samedi, trouvait toujours quelqu’un pour s’intéresser à lui…

Pourquoi animer ?

Il est indispensable d’animer l’ouverture des données pour :

  • encourager et stimuler la réutilisation des données ouvertes, car la réutilisation spontanée ne concerne bien souvent que les données transports,
  • et s’assurer l’appropriation par tous, pour que l’open data ne reste pas l’affaire de quelques uns.
Ces deux objectifs ne se recoupent pas nécessairement, car ils concernent des publics et des types de données différents, comme l’illustre le schéma suivant (en CC-BY comme tous les contenus de ce site).

1 – Encourager la réalisation de services à partir des données ouvertes

Apps For Democracy : l’un des tous premiers concours open data

Les concours sont des modes d’animation bien connus dans le domaine de l’open data. Ils sont pour la plupart construits sur le modèle de AppsForDemocracy mis en place dès 2007 à Washington et récompensent des applications mobiles ou des services en ligne, parfois des visualisations.

En France, on recense dès fin 2010 plus de 45 participants au concours Rennes Métropole en accès libre. Nantes vient récemment d’annoncer sa compétition « Rendez-moi la ville plus facile« , au moment où le Conseil Général de Saône-et-Loire publie une première liste de participants.

Les concours ont une vertu : ils permettent de produire, concrètement, des services et pas uniquement des idées. Les concours ont aussi une limite majeure : ils ne s’intéressent qu’à une population restreinte, celle de ceux qui savent réutiliser des données ouvertes, et en premier lieu les développeurs.

2 – Imaginer, proposer des idées

Le second type d’animation se concentre non pas sur la production de « services » mais plutôt sur la génération d’idées de réutilisation des données ouvertes. L’avantage est de permettre une plus large participation du public – on peut avoir de bonnes idées sans savoir programmer !

Dans ce domaine, on peut souligner l’initiative de la filiale Transilien de la SNCF avec le concours « Open App : une idée d’appli pour améliorer votre quotidien« . Le principe : chaque participant décrit l’application ou le service dont il aimerait disposer. Un jury les recense et en propose certaines au vote du public. Les idées sont parfois étonnantes : par exemple « C’est ma faute by Transilien » la possibilité d’envoyer automatiquement (à son boss ou à son professeur) un bulletin de retard dès que votre train est immobilisé plus de 10 minutes !

Séminaire Libertic/Stereolux/Grrr (source : actionsopendata.org)

Dans le cadre de l’ouverture des données sur Nantes, Libertic et StereoLux ont organisé un séminaire sur le thème : « l’ouverture des données peut-elle améliorer l’expérience touristique ?« . L’agence Grrr a invité les agents des administrations et des acteurs associatifs et économique du domaine culturel et touristique a réfléchir sur des scénarios d’utilisation à horizon 2015. De fausses coupures de presse ont été utilisées pour sensibiliser les acteurs et les aider à esquisser des usages. La discussion ne se concentre pas uniquement sur les données ouvertes, mais intègre aussi les données collaboratives et les données privées.

3 – Développer une culture de la donnée

Le troisième type d’animation concerne la diffusion à un public encore plus large d’une culture de la donnée. C’est l’une des conditions (nécessaire mais pas suffisante) de l’appropriation de l’open data par tous. De telles actions peuvent aborder notamment la distinction entre une donnée et une information, mais peuvent aussi encourager à porter un regard critique sur les données, les conditions de leur « collecte » et de leur utilisation. A qui et à quoi sert cette donnée à l’origine ? Pourquoi a-t-elle été ouverte et dans quel but ? Que nous apprend-t-elle ? Qu’est-ce qu’elle ne nous dit pas ?

Il est intéressant pour cela de partir d’exemples et de domaines concrets : les déplacements dans la ville, la vie culturelle, la petite enfance, … Il est tout à fait possible de parler des données sans allumer un ordinateur, comme nous l’avons proposé lors du séminaire consacré aux données de mobilité à la Cantine numérique rennaise.